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Petites fictions dans ma réalité ... - Page 74

  • Et le petit point fond en éclat ...

    L’occupant de toutes mes pensées n’a aujourd’hui pas d’effort à faire .

     

    Il est arrivé, un jour, comme ça, sans crier gare, juste un ronronnement, tout simple …

    Des minuscules points précis d’agréable posés ça et là dans nos cheminements différents se croisant le temps d’un instant 

    Des boucles et des nœuds en toute virtuosité admirable effectués, laissant à l’âme la supposition d’une pointe, ou contre-pointe, montée en suprême.

     

    Il a, savez vous, le charme indéfinissable de ces hommes exceptionnels ignorants qu’ils le sont et qui pourraient, cependant si ils le voulaient, réinventer des modes de tapisserie sans commune mesure avec la fadeur d’un travail lancé en mécanique, fils, points et motifs déjà digérés, posés à la va vite pour un résultat en à peu prés…

     

    Je n’y ai pas prêté grande attention.

     

    Je suis une fille attachante et attachée aux points anciens et précieux dans une inventive excessive fantaisie pourtant toute particulière de familier.

    Il est un garçon attachant et attaché à des points réguliers dans la force tranquille du travail bien fait.

     

    Il allait de soi qu’à un moment ou à un autre aux ouvrages confrontés, les convergences apparaîtraient éclatantes pour boucler en composition presque parfaite : le nœud justement serré au milieu de la pièce de soie brodée, tout tissu tissé, chacun le sait, ayant son ardu à x précis…

     

    Le fil, l’aiguille, la trame et tout à coup, de petits points en tissés multiples magnifiques, le travail court sur le métier et s’en échappe, un hors cadre en démesure de la création qui se doit d’aller toujours plus loin.

    Une subtile découverte en forme de trouble, la surprise que l’on n’attend pas : une soyeuse mousseline chamarrée en douce d’étoffée de joliesse avérée.

     

    J’ai l’air maligne désormais avec tout ça !

    J’ai l’air heureuse désormais, c’est néanmoins vrai ça !

     

     

    Quand tu te laisseras guider par l’amour, tu sauras utiliser la force de toute vie .

     

    - Que veux tu ?

    - Juste toi.

     

  • L'arroseuse arrosée - Cathy

    Coralie a quelque fois l’art et la manière pour me faire jaillir hors de moi plus vite que la lumière.

    La peste soit de ses rendez vous arrangés !

    Voilà qu’elle me reproche de ne pas être venue à son dernier plan échafaudé !

    Je sais que Patricia y avait été à ma place, avec le résultat fièrement exhibé par ma marieuse improvisée .

    Grand bien lui fasse, pourtant je n’irai pas à celui qu’elle entreprend d’organiser pour moi !

    Nan mé !

     

    Les trois amies différentes, si différentes !

    Il en a toujours été ainsi .

    Enfin, quand on y réfléchit bien, c’est peut être pour cela que notre amitié dure depuis le collège.

    Coralie a toujours tenu le rôle de la « petite maman », à veiller sur Patricia et moi : nous nous sommes inlassablement laissées faire.

    C’est agaçant et néanmoins pas tant que ça : on a toujours besoin d’une allumette pour démarrer un feu. Elle s’y est confinée de manière inextinguible et nous ne pouvons que la remercier, d’avoir été à l’origine de nos carrières : elle nous a poussé alors que souvent le doute était notre compagnon à l’une comme à l’autre …

    Pourtant, pour nos vies sentimentales, c’était une vraie plaie, j’exagère peut être …Mais, elle avait déjà cette envie de nous caser à tout prix ..La poisse, quoi !

    Avec Patricia, nous ne sommes pas si différentes, au fond, sur ce plan : méfiance absolue des hommes et ne pas en laisser entrer un dans nos vies respectives .

    Sa méthode bien à elle : la kleenex attitude ; la mienne, ne sortir qu’avec des hommes mariés .

    A un poil prés, c’est que je n’avais mis cette application en oeuvre que depuis trois ans, résultante de l’éparpillement intempestif aux quatre vents de mon petit cœur devenu puzzle à la suite du départ de l’occupant à titre gracieux que je croyais permanent .

    Il me semble d’ailleurs, qu’encore aujourd’hui, il me manque des pièces …

    Sortir avec des hommes qui ne sont pas à soi complètement, est pratique : pas d’engagement, pas d’interaction .

    Cela fait bondir Patricia.

    Elle et son code des filles …

    Pour moi, « le » moyen nec plus ultra pour ne pas s’engager, jamais ; et puis, je n’ai pas son talent pour la drague .

    Les hommes mariés, dans mon cas, font tout le boulot et ça me convient bien, je laisse faire.

    Mais attention, je vous arrête tout de suite, je ne suis pas une collectionneuse. Depuis trois ans, cela a dû arriver quatre ou cinq fois . Toujours des hommes rencontrés via mon travail et mes incessants déplacements : pas de risques aucun, pour l’apparition des sentiments .

     

    Ma vie professionnelle est la plus importante.

    D’après les filles, je suis l’intellectuelle du trio, ce à quoi ma réponse systématique est la difficulté d’assumer en anonyme un QI de cent cinquante deux et qu’il est bien préférable souvent, de laisser courir sa nature en parfaite maîtrise .

    Néanmoins, je dois avoir besoin de stabilité.

    Avoir accepté un poste sédentaire depuis six mois, en est la plus grande illustration .

    Au bout du compte, ça n’est pas désagréable de tenir une quotidienne, de voir ses amies plus souvent et d’avoir le temps de décorer, enfin, son appartement.

    Et tout ceci a bien sûr mis la puce à l’oreille de Coralie .

    Elle s’est lancé dans un grand plan : « le « casage » de Cathy » avec tout l’enthousiasme débordant qui la caractérise .

    Elle ne pensait pas la première fois y arriver avec Patricia : c’était moi qui devait venir cette fois là et rencontrer Michael .

    Nous savons comment les choses se sont transformées et depuis bientôt un an, Coralie me répète inlassablement que ça aurait pu être moi !

    Ce à quoi, ma réponse invariable : un temps pour chacun et pour chaque chose ; par conséquent, le déroulé reste systématiquement identique à l’initial.

    Je suis heureuse pour Patricia.

    Elle semble métamorphosée .

    Ca me fait un petit pincement quelque part, dans le milieu de la poitrine : aurais je retrouvé toutes mes pièces ?

    Toutefois, je n’ai pas pu m’empêcher de lui faire remarquer que « son » Philippe était « casé » quand elle l’avait rencontré . Elle me rétorque sans vergogne (c’est beau l’adaptabilité) avec toute sa conviction certaine : « en cours de séparation » … Ce à quoi, je ne peux m’empêcher de sourire .

     

    Bref .

     

    A presque un an de distance, Coralie remet cela .

    Elle me harcèle au téléphone pour son fameux dîner où elle veut me présenter un ami de Sébastien, Emeric, récemment divorcé.

    - «  Cathy, ça ne t’engage à rien . Juste une bonne soirée. Je te ferai ton plat favori » supplie la voix de Coralie sur mon répondeur.

     

    Ca m’agace.

    Ca m’horripile.

    Ca m’irrite.

     

    A J-dix, de guerre lasse, je lui dis oui.

     

    A J-dix, ce matin là, j’arrive au bureau quelque peu « fâchée » .

    Tout le monde le sent bien et évite de croiser mon chemin .

    Nelly m’apporte mon café. Je l’ai encore surprise sur ce site Internet. Je sais que sa mission est de surveiller et suivre les pages que j’ai créée sur différents réseaux sociaux . Cependant, elle est souvent sur celui ci à mon goût du jour, exécrable . Heureusement pour elle, mon système d’alarme performant anti-rage froide fonctionne à merveille : je l’envoie aux archives faire des recherches « passionnantes » .

     

    J’ai besoin de souffler.

    J’ai besoin de nager (toujours envie de longueurs quand je suis sous pression).

    J’ai besoin de me changer les idées .

     

    Le site, la page …

    Tiens, pourquoi pas ?

     

    Et je rentre le mot de passe et lis les messages, les commentaires .

    Les doigts me chatouillent lorsque je m’attarde sur le commentaire là, au bas d’une photo .

    Je me lance .

    Réponse posée …

    J’aurai bien aimé une précision immédiate mais bon, je ne sais même pas quand l’auteur a déposé ceci !

    Je continue l’exploration , m’étends aux pages extérieures, clique, saute de mots en mots .

    Lorsque je constate que j’ai une « notification », c’est « lui » et sa réponse ; je lis et j’apprécie : ce type a le sens de la répartie.

    Je vais aller voir de quoi il en retourne « chez lui » .

    Il est «là», c’est «vert» .

    Ce que je vois et appréhende me plait. Je laisse des mots de ci, de là auxquels il répond systématiquement .

    Les heures passent et je m’amuse vraiment.

    Cet homme s’est prêté au jeu et je l’en remercie.

    De toute façon, je sais pertinemment que je ne reviendrai pas .

    C’est le sourire aux lèvres que je referme la page .

     

    Coralie m’a laissé trois messages sur le répondeur de mon portable et Patricia, deux. OK, les filles, je vous rappelle .

     

    Le lendemain, Nelly m’apportant mon café, me signale que j’ai un message et plusieurs commentaires « bizarres » sur le site exploré la veille .

    J’avais oublié enfin, presque ...

    Cet échange m’a bien plu tout en sachant que toutes proportions et raison sont à garder sur le net : cliquer et balayer de sa mémoire, pas si mal .

    La curiosité me tenaille, il faut que j’aille voir .

    J’y vais .

    Je constate le coté « bizarre » noté par Nelly, cela me fait sourire .

    « Il » me donne son numéro de téléphone et me propose un rendez vous ! Fichtre !

    La façon d’aborder mon article vient de faire un virage à cent quatre vingt degrés.

    Je vais l’appeler .

    Je vais poursuivre mes investigations  (« tiens, tiens » me susurre une petite voix) .

    Je passe une heure au téléphone avec lui, ce jour là, sans me méfier, c’est agréable, dynamique et pertinent.

    Le lendemain, j’accepte un rendez vous tout en demandant à un type de la sécurité de m’accompagner pour une surveillance à distance .

    Et là encore, c’est agréable, dynamique, pertinent et en plus, surprenant : je suis très bien, là, avec cet homme rencontré sur le net trois jours plus tôt. Est ce dû à l’étourdissement du tourbillon des mots, des échanges enflammés, des fous rires occasionnés ?

    En tout cas, je repars de ce rendez vous tellement enthousiaste que j’ai l’impression de voler alors que je rentre chez moi .

     

    Nous nous sommes vus tous les jours suivants, en après midi : des échanges d’idées passionnants, du tout et du rien et surtout pas de nos vies personnelles .

     

    La veille du fameux dîner de Coralie, tout changea .

    En fait, parce que cela m’échappa .

     

    Je lui raconte l’imminence de ce dîner, la fâcheuse attitude de marieuse de mon amie et son récent succès .

    Notre conversation qui n’a jamais été «personnelle» le devient là tout à coup . Et je n’aime pas, mais alors pas du tout, ce que j’entends.

     

    D’ailleurs pourquoi ? …

    Ca ne devait qu’être un échange intellectuel : qu’est ce que ma petite tête de fille a pu imaginer ? …

     

    Cet homme est « couplé » .

    Je prends ça comme un coup de poing en plein plexus solaire .

    La vie a toujours un délicieux sens de l’humour, exquis .

    Il faut que je m’en souvienne.

    Le tatouer peut être ? Non, je ne suis pas un animal conduit à l’abattoir …

    Je suis livide et souffle coupé .

    S’il prononce « ça va ? » , je pars en courant ou tout du moins, j’essaye .

    C’est mon téléphone portable qui me sauve, moi qui en général ne l’entend jamais …

    Coralie .

    (quand je dis que l’on peut toujours compter sur ses amies) …

    J’ai presque envie de pleurer et ma tête me hurle que je calme mon excessive attitude. Je dois saisir cette opportunité pour mettre fin à cette absurde situation.

    Coralie a perçu mon malaise, elle m’a vu installée en passant devant le café, elle est là sur le trottoir, juste en face. Donc me sauver en direct live est une prouesse magique dont je la remercierai infiniment plus tard, en tête à tête .

     

    Tout va très vite et je laisse mon interlocuteur, décontenancé .

    Je m’enfuis aussi vite que possible avec Coralie.

     

    Il faut que je respire !

    Il faut que je respire …

     

    Nous sommes réfugiées chez mon amie, elle m’a préparé un thé et moi, je pleure comme une Madeleine. Impossible de sortir un mot, juste des larmes, des hoquets, des mouchages de nez bruyants et disgracieux .

    Elle me prend dans ses bras et je redouble d’intensité dans mes écoulements lacrymaux .

    Je n’avais pas pleuré depuis trois ans, et encore si peu, à ce moment là, sans doute de vieux stocks à évacuer …

    Quand mes larmes se tarissent, mes yeux me font mal, mon nez me fait mal . Mon visage : un champs de bataille rougi et meurtri.

    Les mots arrivent alors, en torrents, en cascades …Impossible de les arrêter .

    Coralie ne dit rien . Elle écoute . Elle apprend toutes ces choses devinées et non dites haut et fort .

     

    Quand mon flot de paroles s’arrête, elle sourit doucement et gravement . J’hoche la tête .

     Oui, Coralie, tu as raison, inexorablement .

     

    - « Tu veux que j’annule le dîner de demain ? » demande t elle .

    Je réponds par la négative : il aura bien lieu ; en plus, elle prépare mon plat préféré !

    Je reste dans ses bras jusqu’au retour de Sébastien et de ses enfants.

    Il est temps pour moi de regagner mon appartement mais de passer, au préalable, par la salle de bains et reprendre figure de fille .

     

    Mon portable resta fermé quatre jours .

     

    Le lundi en arrivant au bureau, je dis à Nelly de clôturer toutes les pages existantes sur les différents réseaux.

    Je suis fin prête pour mon article ou presque .

     

    Le dîner de Coralie avait été agréable. Emeric, le copain de Sébastien, était charmant mais je sortais sous armure, il n’avait que la chance de n’être qu’un convive fort urbain de la table de mes amis.

     

    Pendant ce temps, Patricia vivait la déclaration de Philippe .

    C’est un des messages que je découvris sur mes deux répondeurs quatre jours plus tard, nouvelles reprises dans ceux de Coralie et noyées parmi ceux excessivement nombreux de ma déconfiture au masculin .

     

    J’étais prête .

    Je suis prête à écouter, à entendre et à répondre .

     

     

    ("La saga des filles" - extrait)