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Petites fictions dans ma réalité ... - Page 68

  • Et le petit crayon partit en voyage ...

    Le temps des congés étant arrivé, tout le monde partait.

    Ca se passait toujours de la même façon quand ils étaient « au bureau » : quelqu’un, très souriant et détendu bizarrement tout compte fait, passait la tête à la porte et jetait un « à telle date » ou « à celle là » , voir ajoutait un « et toi, c’est quand ? » … Et puis, s’enfuyait tout vite dans un « à bientôt » jeté en bonne et due forme de départ précipité.

    L’opération se renouvelait invariablement sur le même mode, à une formulation quasi identique, tout spécimen confondu.

    Ils appelaient tous ce truc là « vacances » avec le même engouement que les enfants pour les friandises les plus acidulées.

    Elle semblait pourtant accablée et petit crayon, à vraie dire, ne comprenait pas pourquoi. Après tout, elle aussi allait s’absenter…

    Qu’est ce que tout cela signifiait ?

    Les humains avaient de bien drôles de coutumes et en plus, ils en changeaient tout le temps !

    On réussissait à décrypter, on assimilait le truc et puis, curieusement, ça se modifiait !

    Ils n’avaient pas idée ces humains là, le temps qu’il fallait à un petit crayon comme lui pour tout comprendre, enfin, tout du moins essayer de …

    En tout cas, malgré toute la satisfaction du travail accompli, elle semblait de plus en plus triste alors qu’elle le rangeait toujours avec soin dans sa jolie trousse avec ses autres compagnons afin de rentrer à la maison. Entre parenthèses, il préférait quand elle y était paisiblement posée sur son coussin avec de la musique baignant l’air environnant…

    Bref.

    Le petit crayon en était presque inquiet et décida, bonne mine en tête, de lui en graphiter un tantinet en gras, les maux cachés ou pas, je vous rappelle la nature, pourtant pleine de bonnes volontés, de petit crayon…

    Il n’eut pas besoin de chercher le taille crayon afin d’être au plus à l’affût et encore moins la gomme pour estomper une ou deux maladresses, elle se confia sans mots dire, juste en le serrant tout contre son cœur.

    Lui qui était fait du bois le plus dur, en eut presque le graphite décarboné.

    Il prit alors une grande décision.

    Il partirait sans plus attendre en se glissant subrepticement dans le sac voyageur de celui là et deviendrait le lien si fort, que n’importe où, elle le rejoindrait sans attendre, tout du moins y croyait il dur comme pointe de diamant.

    Qu’il était courageux !

    Lui qui était rempli d’appréhension quand elle faisait surgir sans crier gare la grande faucheuse au fil des histoires contées.

    Rien que d’en noter les guillemets entourant son « Elle» , il se sentait soudain à l’étroit dans sa tige de bois, pas d’endroit vraiment pour se planquer.

    Et là, il allait voyager dans des contrées inconnues avec des objets qu’il ne connaissait pas !

    Il eut comme un vertige précisément à cet instant là et puis, tout à coup, il se souvint que lui serait là.

    Ce fait là, c’était l’autre aux guillemets qui le lui avait murmuré en fait. D’ailleurs, quand il repensait à ce moment étrange …Brrr .. Nan, au final, il ne tenait pas à revivre ça.

    Sa mission, comme il l’avait imaginé, pas si stupide en fait le petit crayon, était d’être le lien entre elle et lui.

    La grande faucheuse lui permettrait d’accomplir le tour incroyable pour un petit crayon de « saute dans le sac sans que tu me vois » et se chargerait de prévenir celui là du nouveau petit compagnon affublé pour tous ces jours au loin…

     

    Car il va falloir s’y résoudre, nom d’encre point n’en faut trop !

    Ces deux là doivent se retrouver dans le même espace temps et pour de bon, et pour longtemps…

     

    Cependant, cela sera conté dans une autre histoire, vous conviendrez que c’est tout de suite le départ du petit crayon, pas si petit après tout, et qu’il faut sans attendre lui souhaiter bon voyage en lui disant au revoir.

     

    « Elle » le savait sage , vertueux, judicieux et courageux, tout se passerait bien.

     

    Elle souriait cachant ses yeux noyés de larmes derrière ses lunettes noires.

    Il fallait se reprendre !

    Après tout, elle était grande, elle pourrait et saurait attendre, enfin ..sans doute …

     

     

    - « Que veux tu ?

    - Juste toi. »

  • Et si tremper la plume suffisait à ...

    Puisque vous partez en voyage, mon amour, je voulais laisser ici quelques recommandations d’usage pour ces contrées exotiques si lointaines …

    A moins bien sûr que le plus simple ne soit juste de vous embrasser de ce baiser si long, si doux et si fort comme celui que vous me donnâtes dans les escaliers rue de Thorigny, en me serrant si fort contre vous.

    Ceci, bien sûr, afin que vous n’oubliez pas que je vous aime et qu’en votre absence, je les laisserai s’égarer aux quatre vents, nos baisers qu’à nous, pour qu’ils vous retrouvent et votre cœur et votre corps et votre bouche tant adorés.

    Bien à vous,

    Votre nonamoureuse.

    PS : revenez moi

     

     

    Son audace la fit sourire.

    Elle posa la plume à côté de l’encrier qu’elle referma avec beaucoup de précautions, il ne manquerait plus qu’elle s’épancha, en plus, en sa maladresse habituelle.

    Le buvard soupira en posant sa douceur sur les mots sagement alignés, à moins que ce ne fut elle, son cœur battait si fort.

    Elle glissa le billet dans une enveloppe qu’elle scella de son sceau et sonna Vladimir.

    -« Portez ceci sans tarder à Monsieur de Saint Elm. Attendez la réponse s’il devait y en avoir une. »

    Le majordome referma la porte la laissant seule avec ses larmes qui sourdaient déjà…

     

     

    Elle faillit tomber en bas de son lit tellement le sanglot qui la secouait était immense.

    - « Purée, je déteste ces rêves !

    Vous avez entendu, je préfère encore les petites énigmes à ça! ».

    Elle sauta hors de son lit.

    La journée allait être longue.

    Rue de Thorigny, c’était fermé pour travaux ; c’est certain, « Elle » exagérait en plein !

     

     

    - « Que veux tu ?

     - Juste toi. »