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Mots ! Mots ? Y êtes vous ?

Alors que le temps cheminait suivant son petit bonhomme de chemin, les mots ce matin en paresse, ne se bousculaient pas dans l’habituel joli souhaité si ardemment.

Ils s’étiraient presque tout ensommeillés encore de cette nuit mouvementée, avec pourtant quelque chose d’inconnu qu’ils sentaient soudre et poindre à la vitesse de la lumière.

Ils l’avaient pourtant prévenue : pas de rêves abracadabrants sinon, eux, au lever du soleil, ils n’y arrivaient résolument pas à rester en ligne, en pleine cohérence. Il leurs fallait un tantinet de sommeil pour pouvoir se délier, s’épancher en toute sérénité, en toute joliesse aimée.

Et là, c’était tout curieux.

Là, ils étaient englués, entortillés et même triturés jusqu’à la base du trait, au point x, tout étonné d’être sollicité.

Il aurait juste fallu une décharge percutante pour éviter qu’ils ne se mélangent presque les syllabes à donner une dysorthographie exténuante au crayon qui ne savait plus à vrai dire où donner de la mine.

Il tentait vainement de réfréner ces tremblements répercutés par toute cette horde devenue subitement submergeante.

Il se demandait si son graphite assurerait le coup jusqu’au bout.

Il lui fallait rattraper ce petit monde dispersé, discipliner toutes ces consonnes et ces voyelles qui n’en faisaient qu’à leur tête dans une bacchanale indécente.

Il se devait d’être le plus pointu, le plus inflexible pour rassembler, diriger et retrouver le chemin rassérénant du ton beau et fort à la fois.

Et ...

Que dire de la feuille !

La plus soumise, toujours.

Subissant, toujours.

Pourtant, elle se réjouissait souvent au matin de retrouver cette sensation de glissements, d’effleurements plus ou moins rapides quand les mots se laissaient aller tout contre elle, lui laissant comme un goût de sarabande de plaisirs parfait, un déroulé sensuellement irréprochable.

Or, là, elle se sentait salie par autant d’aberrances largement obscènes pour elle.

Pensez vous !

Mélanger des sens, mêler des expressions, bousculer des tabous linguistiques en faisant mine de ne pas y toucher, en s’écrasant sur son vélin si doux avec une vulgarité bestiale, en phrases courtes, presque haletantes, à la ponctuation énergique. Il ne manquerait plus que celles là forcent encore leur débit et elle se retrouverait ornée de zébrures non désirées voir pire, une déchirure au creux de sa trame et si cela arrivait, nul doute qu’elle finirait dans l’obscure corbeille, oubliée de tous !

Le monde était il devenu fou ce matin ?

Que lui arrivait il à elle sur son coussin posée comme à son habitude ?

Ne se rendait elle pas compte du désastre imminent ?

Que pouvait elle y faire, elle, avec simplement ses carreaux et lignes posés ?

Elle aussi, tremblait presque.

 

 

Tout à coup, ce fut fini.

L’on aurait presque entendu un soupir exhalé de soulagement.

Elle caressa la feuille, referma le cahier, posa le crayon et remercia tout son petit monde d’avoir mené à bien leur mission du jour…

Elle se leva et pris son téléphone.

-« C’est prêt ! Ca sera dans ta boite mails dans l’heure qui arrive.

Fichtre, je n’aurai jamais imaginé que cela fut si difficile d’écrire ta scène d’amour en Sade déguisée. »

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