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made in moi - Page 34

  • Quand la culotte s'en mèle...

    Je le croisais comme à l’accoutumée dans les escaliers.

    Il me regardait en souriant, je faisais de même.

    Ses yeux ne quittaient pas les miens.

    A ma hauteur, il me demandait un mouchoir.

    Je m’exécutais sans sourciller lui confiant l’un des miens blancs et brodés, imprégné des effluves de mon parfum.

    C’était ainsi.

    C’était notre jeu lorsqu’il nous arrivait de nous rencontrer dans les escaliers de cet hôtel particulier ; moi, en visite chez une amie, lui résident s’échappant de sa maisonnée.

    Ce jour là fut différent.

    Alors qu’il me posait la question, je sortis de ma poche ma culotte blanche en dentelle et lui tendis.

    Je me sentis rougir en voyant le désir passer subitement dans ses yeux et transformer son visage. Il s’approcha plus prés et me prit dans ses bras.

    Et tandis que nous échangions le plus passionné des baisers étroitement collés, nous perdîmes pieds et dévalâmes toutes ces marches.

    La concierge attirée par tout ce fatras, nous découvrit amoureux enlacés aux cous brisés.

    Cela ne nous arrêta pas pour autant, nous décidâmes de rester revivre cette scène encore et encore. D’être, par conséquent en amour, fantômes de cet hôtel devenu tout à coup bien plus particulier.

    Car bien sûr, le bruit fureta, s’échappa, s’amplifia qu’ici et là sévissaient d’étranges phénomènes que l’on n’expliquait pas.

    Et l’on se garda, évidemment, avec le temps d’en faire une publicité tapageuse tant il était difficile sinon, de trouver locataire.

     

    Jusqu’à moi.

    « Elle » m’avait contacté une semaine plus tôt, ça n’était certes pas dans sa nature de venir à moi pour solliciter mon aide, cependant, je ne m’étonnais plus de rien depuis nos précédentes aventures.

    « Elle », la grande faucheuse comme il disait tous, était devenue sentimentale, j’en étais sûre à présent. Il ne m’était pas rare de la voir débarquer sans fanfare, ni trompette mais juste avec sa faux, pour me confier des espèces de petits travaux pour lesquels, ma foi, j’étais pas mal douée.

    Ma mission, cette fois, était d’un genre nouveau.

    « Elle » avait fait une erreur il y aurait tout juste cent ans demain et je devais en quelque sorte, « réparer » cela.

    Néanmoins, ne me demandez pas comment, je n’en avais aucune idée. Quelques fois, il suffisait que je sois là et ça s’arrangeait, Dieu ou Diable savaient comment.

    Toutefois, j’y serai à cette drôle d’adresse.

    « Elle » m’avait juste précisé d’apporter avec moi, cette jolie petite culotte blanche en dentelle que j’avais déniché dans une friperie toute parisienne et d’y être à onze heures précises.

     

    10h50.

    Une fois la porte cochère passée, je rentre dans un autre monde.

    C’est ce que j’aime à Paris, l’on pousse et l’on peut être tellement et agréablement surpris.

    Cet endroit est de toute beauté.

    Je traverse la coure en me dirigeant vers la lourde et non moins élégante porte d’entrée de cet hôtel particulier.

    S’offre à moi, un hall sobre et exquis au pied duquel se jette un imposant escalier de marbre blanc tout à fait incroyable.

    C’est à quelques marches montées que je sens comme un effleurement.

    A la moitié de mon ascension, je les vois se dirigeant l‘un vers l’autre.

    Je distingue nettement tout l’amour que leurs cœurs portaient et je veux vraiment voir, assister à ce qu’il va se passer ensuite.

    Pourtant, je ne sais pourquoi l’idée de la culotte se fait omniprésente dans ma tête, il faut que je me place juste au milieu, là maintenant, l’agiter et la leurs montrer .

    C’est ce que je fis et je me retrouvai alors au milieu d’un groupe de touristes japonais qui me dépassèrent allégrement en descendant l’escalier de marbre blanc.

    Soupir …

    Je me faufile vers la sortie de ce lieu, quelque peu changé depuis mon entrée, qui est devenu musée.

    Et moi, bien évidemment, je ne saurai jamais ce qu’il s’était passé entre ces deux là au 5 de la rue Thorigny, bon, d’accord, c’était « avant » …

    Soupir …

     

    « Elle » sourit.

    Sa petite protégée a encore réussi. « Elle » la sent pestant contre le monde entier mais il doit en être ainsi, il ne faut pas encore qu’elle sache que celui qu’elle attend est en fait, 

    Cependant, chut, c’est une autre histoire …

  • Mots ! Mots ? Y êtes vous ?

    Alors que le temps cheminait suivant son petit bonhomme de chemin, les mots ce matin en paresse, ne se bousculaient pas dans l’habituel joli souhaité si ardemment.

    Ils s’étiraient presque tout ensommeillés encore de cette nuit mouvementée, avec pourtant quelque chose d’inconnu qu’ils sentaient soudre et poindre à la vitesse de la lumière.

    Ils l’avaient pourtant prévenue : pas de rêves abracadabrants sinon, eux, au lever du soleil, ils n’y arrivaient résolument pas à rester en ligne, en pleine cohérence. Il leurs fallait un tantinet de sommeil pour pouvoir se délier, s’épancher en toute sérénité, en toute joliesse aimée.

    Et là, c’était tout curieux.

    Là, ils étaient englués, entortillés et même triturés jusqu’à la base du trait, au point x, tout étonné d’être sollicité.

    Il aurait juste fallu une décharge percutante pour éviter qu’ils ne se mélangent presque les syllabes à donner une dysorthographie exténuante au crayon qui ne savait plus à vrai dire où donner de la mine.

    Il tentait vainement de réfréner ces tremblements répercutés par toute cette horde devenue subitement submergeante.

    Il se demandait si son graphite assurerait le coup jusqu’au bout.

    Il lui fallait rattraper ce petit monde dispersé, discipliner toutes ces consonnes et ces voyelles qui n’en faisaient qu’à leur tête dans une bacchanale indécente.

    Il se devait d’être le plus pointu, le plus inflexible pour rassembler, diriger et retrouver le chemin rassérénant du ton beau et fort à la fois.

    Et ...

    Que dire de la feuille !

    La plus soumise, toujours.

    Subissant, toujours.

    Pourtant, elle se réjouissait souvent au matin de retrouver cette sensation de glissements, d’effleurements plus ou moins rapides quand les mots se laissaient aller tout contre elle, lui laissant comme un goût de sarabande de plaisirs parfait, un déroulé sensuellement irréprochable.

    Or, là, elle se sentait salie par autant d’aberrances largement obscènes pour elle.

    Pensez vous !

    Mélanger des sens, mêler des expressions, bousculer des tabous linguistiques en faisant mine de ne pas y toucher, en s’écrasant sur son vélin si doux avec une vulgarité bestiale, en phrases courtes, presque haletantes, à la ponctuation énergique. Il ne manquerait plus que celles là forcent encore leur débit et elle se retrouverait ornée de zébrures non désirées voir pire, une déchirure au creux de sa trame et si cela arrivait, nul doute qu’elle finirait dans l’obscure corbeille, oubliée de tous !

    Le monde était il devenu fou ce matin ?

    Que lui arrivait il à elle sur son coussin posée comme à son habitude ?

    Ne se rendait elle pas compte du désastre imminent ?

    Que pouvait elle y faire, elle, avec simplement ses carreaux et lignes posés ?

    Elle aussi, tremblait presque.

     

     

    Tout à coup, ce fut fini.

    L’on aurait presque entendu un soupir exhalé de soulagement.

    Elle caressa la feuille, referma le cahier, posa le crayon et remercia tout son petit monde d’avoir mené à bien leur mission du jour…

    Elle se leva et pris son téléphone.

    -« C’est prêt ! Ca sera dans ta boite mails dans l’heure qui arrive.

    Fichtre, je n’aurai jamais imaginé que cela fut si difficile d’écrire ta scène d’amour en Sade déguisée. »