Je déteste les mois de mars de ma vie.
Enfin, tout du moins, à partir de celui là.
Celui où tout a basculé, me jetant sur les routes en équilibriste du titillement des minutes tatillonnes et fanfaronnes, à l’affût de trous de temps (je n’évoque même pas ici les secondes, la pire espèce dans la perversité temporelle) .
Ceux là depuis, sont sans cesse, changements bons ou mauvais, me montrant la vanité de ma petite personne de faire fi du temps qui passe et son oubli salvateur. Les détours en chemins de traverse qui font que je reste, malgré tout, face à cette douleur qui me brise le cœur toujours un peu plus.
Cette année pourtant, il y a quelque chose de différent.
Est ce que je grandis ?
Est ce que j’ai remis enfin la pierre à sa place ?
Il est vrai qu’à force de vouloir n’en faire qu’à ma tête, j’en oublie que ça n’est pas moi qui décide et forcément, ça marche beaucoup moins bien quand le déroulé reprend sa route.
J’ai tellement essayé pourtant, alors qu’osciller pour soi, même pour un seul moment, est interdit.
Là, j’ai comme le sentiment d’un mieux, comme si la douleur avait disparu dans sa forme broyante et dévastatrice d’âme et de cœur.
« Elle » souriait cette nuit dans mon rêve en me susurrant de sa voix toujours si douce et si basse, que j’avais droit à de jolies vacances très longues.
Sur le coup, ça m’a collé un fichu grand frisson.
Ne plus avoir à me mêler des histoires de mouchoirs, de culottes, de mots à remettre, de capsules à jeter, de théière, de brouillard fort humide et tellement d’autres trucs qui me font sauter d’ici à là, en me demandant toujours, si un de ces quatre matins, je n’y laisserai pas ma raison.
Il est vrai que balancer sans cesse entre plusieurs réalités à de quoi mettre le cerveau à l’envers et délivrer un one way ticket pour la folie pas du tout passagère clandestine.
Néanmoins, « Elle » ne m’aurait pas choisie si cela en avait été ainsi.
Ce qui me tracasse en fait, depuis mon réveil, c’est le pourquoi de son attitude.
« Elle » est du genre à ne pas mâcher ses mots, trancher dans le vif, c’est plutôt son style ; alors, pourquoi cette cool attitude à mon égard ?
C’est avec cette idée que je referme la porte de ma maison et me glisse dehors, face à cette nouvelle journée, premier jour de ma vie « normale » …
Tandis que je m’enquiers de mon prochain client, un courant d’air me fait tourner la tête et, je le vois enfin pour la première fois, dans ma réalité.
Je souris.
« Elle » sourit aussi, cachée là bas et s’enfuit déjà car on le sait il n’est vraiment pas poli de se faire attendre…
-« Que veux tu ?
- Juste toi. »
Nb : Il est important que l’on comprenne un jour que l’on n’a pas forcément besoin d’être grand pour avancer fort, en pleine lumière, que « l’idée de » ne sera jamais celle du ressenti et que, par conséquent, celle d’aimer se doit d’être posée avec une infinie précaution tant sa puissance est incommensurablement belle et lumineuse.
Commentaires
Texte très beau, mots justes et posés là comme personne ne sait le faire mieux que vous. Vous lire est un régal, une gourmandise exquise, un carré de chocolat à la saveur rare et unique. Merci encore ...
Merci infiniment à vous de ces mots là qui font rougir ; les miens n'ont que la minuscule prétention de se mettre en scène pour donner une lumière un peu différente en juste made in moi (tant pis pour mes chevilles) ...Je sais, ceci s'accorderait mieux à de la photo alors je préciserai que la chance d'écrire est celle d'être inspirée, merveilleusement et pleinement. Merci encore...
Ne soyez pas modeste, votre manière de donner une lumière différente aux mots et de les mettre en scène est troublante, vous lire est un plaisir que l'on déguste mots après mots. Encore merci pour ces moments de bonheur...