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Au commencement ...

Il y eut cette faille dans l’espace continuum temps comme si tout à coup, tout devenait bien plus lent.

Petit mouvement imperceptible sans doute aux autres, cependant, signe pour moi que le moment était là, encore.

Petit Crayon frissonna, il savait que j’allais le ranger mais pour combien de temps, c’était ce qui le taraudait le plus, à lui écailler le bois et presque lui casser la mine.

Lorsque une mission se présentait, je partais il ne savait où qu’au retour, en reportant consciencieusement les aventures passées.

Sa plus grande crainte était que je m’égare dans cet espace là et que je ne revienne pas.

J’avais beau le rassurer, lui garantir mon retour car après tout, désormais, je connaissais le dessein final de tout cela, il n’y avait rien à faire, nos adieux n’étaient que déchirements.

J’avais bien pensé le glisser dans un coin d’une de mes poches néanmoins, j’avais bien trop peur de ne pouvoir le ramener avec moi .

Mes péripéties étaient quelques fois agitées et je devais parfois, effectuer des retours brutaux inopinés ; imaginer le poser et l’oublier me remplissait d’effroi, je perdrai à jamais mon plus fidèle compagnon.

 

Quoiqu’il en était, il fallait que je fasse vite, que nos au revoirs soient abrégés, le départ était imminent.

Il fallait mettre un semblant d’ordre à tout ici, que cela apparaisse normal à celui ou celle qui viendrait à passer si cela devait être, bien entendu.

Faudrait il encore que la cousine, à qui j’avais donné mes clefs pour le cas où, ait subitement envie de faire un tour par ici, à débarquer comme un cheveu sur la soupe.

Quant à l’autre, mon frère, aucune chance ! Sa vie de médecin du monde lui prenait trop de temps pour se soucier de rentrer et de voir sa famille.

Pourtant, je m’attachais toujours à faire comme si et chaque chose était alors à sa place.

 

J’étais donc tout à fait prête quand ce curieux éblouissement tremblotant me cueillit au cœur de ma chambre et m’emporta dans un cimetière baigné de lumière, en pleine cérémonie de surcroît.

 

Et, je compris que quelque chose ne fonctionnait pas comme d’habitude car j’étais là où tout avait commencé, il y avait des siècles de cela, une vingtaine d’années en réalité.

Cela était curieux en fait, d’assister à ce que fut ma première rencontre avec « Elle » et son étrange intérêt pour moi.

 

Le ciel était toujours d’un bleu intense, pas un souffle de vent et un soleil immense baignait ce lieu le rendant presque charmant…

 

J’avais presque quinze ans, tête en l’air plutôt dans les nuages, curieuse de tout, à vouloir comprendre comment ça marche et pourquoi, rajoutez des prédispositions à une intuition et une imagination extrêmement généreuses et peut être que cela donnera des pistes quant à son choix.

 

Pour le moment, je me tortillais bien ennuyée pour ma meilleure amie que je ne savais réconforter alors qu’elle enterrait sa mère sous ce ciel si insolent de bleu.

Je ne savais pas trop quoi lui dire pour la consoler.

C’est toujours difficile de trouver les mots justes quand on a une grande facilité à dire la vérité en pile poil et que celle là, et bien, il vaut mieux la taire quelques fois.

J’étais donc là avec mon amie dans les bras quand tout à coup, mon attention glissa sur la tombe qui était derrière.

Outre le fait, qu’elle était recouverte de ces affreux messages laissés sur des affreux supports, vous savez ces trucs moches où les mots ne sont que fort maladroitement assemblés comme un reflet de la satisfaction générale d’une mise en pub de celui ou celle là, le slogan qui tue, en quelque sorte, la spontanéité de l’amour qui devrait pourtant subsister plus que jamais.

Je pensais alors que l’incinération couplé à l’éparpillé aux quatre vents, c’était vraiment le mieux pour éviter ça à mes proches.

Je me demandais brutalement qui était cette Géraldine Saint Pierre morte un 18 février 2008 tandis que l’on était en 1993 et que l’amie éplorée tout contre moi, s’appelait ainsi.

Et bizarrement, au moment où j’envisageais tout ça, je reçus un fichu flash dans les yeux qui me fit lâcher la Géraldine et me sentir tout à coup drôlement hébétée.

Les esprits à peu prés maintenus à flot, je constatais que le lieu était le même ou presque : il n’y avait plus qu’une vieille femme deux rangées plus loin qui psalmodiait des trucs à elle.

 

Soudain, j’entendis cette voix.

Une voix admirablement belle en fait, si douce, si basse.

C’est peut être l’effet avéré quand on ne parle que dans votre tête, vous avez sans doute la possibilité d’octroyer alors à celle là s’immisçant sans vergogne, la touche sonore que vous voulez, pour vous rassurer …

Enfin, je n’en sais fichtrement rien au bout du compte.

Pour moi, il en était ainsi.

Celle çi m’expliquait qu’il fallait que je sois très attentive à ce qui allait suivre.

 

Une petite fille d’une dizaine d’années rejoignit la vieille femme toujours en psalmodies qui à sa vue, se redressa et sembla lancer des imprécations où je ne saisis que « anniversaire », « pour tes trente huit ans » et « finira » ; la petite fille se recroquevilla et lança « pas un dix huit février en tout cas ».

J’étais d’une attention exemplaire, ça pouvait laisser pantois.

Je me sentais d’une « cruchité » sans limite et la seule chose qui m’interpella vraiment c’est le « il faut rentrer maintenant Isabelle, te voilà prévenue » qui termina le discours de la revêche excitée.

 

En fait, la mère de Géraldine se prénommait ainsi, elle était morte en s’étranglant avec un bout du gâteau préparé pour son anniversaire, celui de ses trente huit ans…

 

Moi aussi, je trouvais cela gros comme une maison sur l’instant et au moment, où j’envisageais un abus de jus d’orange ou que l’on avait glissé un truc dans mon chocolat, je me retrouvais avec Géraldine sur les bras toujours en pleurs, en ne comprenant pas vraiment pourquoi j’avais assisté ou pas, à tout ça.

 

Qu’est ce que ça allait changer dans l’histoire présente ?

Mon chemisier continuait à être trempé des larmes de mon amie et le 18 février 2008 était toujours inscrit là bas.

 

Tout à coup, je me sentis le reine des pommes reinette, cette foutue date était une partie de la date de naissance de Géraldine !

Et donc, cela allait de soi pour moi à cet instant là, il me fallait retrouver la vieille psalmodieuse et lui dire tout de go de ravaler ses mots qui s’assemblaient en mal, pour effacer tout ça.

Lamentable ?

Oui, c’est vrai.

Moi, à ce moment là, je me sentais fichtrement bien inspirée et exceptionnellement sauveuse de je ne sais quoi.

 

Je secouais la pleureuse et lui demandais si sa grand mère était là.

Elle me la désigna.

Tandis que je la confiais à mon voisin le plus proche et ça tombait bien en fait, car c’était son secret amoureux transi à elle ; quelque part et c’est important, c’est ici que mon intervention eut lieu et pas quand je me précipitais à mots rabattus sur la grand mère, pas très gentille tout compte fait.

 

Elle eut beau jeter son regard noir assaisonné de vilenies vociférées à sa façon, rien ne me faisait peur.

En revanche, la foule autour, était comme abasourdie par la scène incongrue qui se déroulait ici.

Bon, on me prit pour l’originale que j’étais et l’autre, pour la vieille folle, les apparences furent sauves.

L’important, c’est qu’en revenant auprès du couple désormais formé, je remarquais l’absence de la plaque là bas, à ce nom là en tout cas…

Et, ce garçon qui me regardait en souriant, qui s’approcha et me donna un mouchoir blanc, finement brodé.

J’étais persuadée à cet instant, qu’investis de je ne sais quel pouvoir, j’avais réussi à vaincre un ennemi puissant et changer l’histoire.

Je ne me préoccupais donc pas de ce mouchoir, pourtant fort joli et délicat.

Et encore moins bien sûr, de ce garçon disparu en un claquement de doigts.

Fichtrement prétentieuse en plus de la capricieuse que j’étais déjà, ça ne s’arrangeait pas…

 

« Elle », la grande faucheuse, m’apparût en rêve la nuit suivante pour m’expliquer ce qu’il en était vraiment.

Et même dans mon sommeil, je fis la mine boudeuse et dubitative car ça n’est tout de même pas très courant de s’entretenir avec celle là, sur le ton tout banal de la conversation, de votre incompétence montrée de la faux .

 

Pour faire court, « Elle » m’avait choisie pour réparer des bourdes qu’Elle avait été amenée à faire au fil du temps, qui était un fidèle pote à elle d’ailleurs.

« Elle » s’emmêlait un peu les pinceaux et créait des variations inéluctables sur la vie, pourtant écrite, de certains.

D’accord, je vous vois dodeliner de la tête et je l’ai fait aussi sachez le à ce point de son explication.

Je dois rajouter comme « Elle » l’a fait pour moi, « dans les grandes lignes »…

 

Ce que je ne savais pas encore, c’est qu’il en allait de ma vie d’amoureuse dans cette histoire là et que tout ce qui se passerait plus tard était en fait, une espèce de « il faut sauver l’amour de ma vie ».

J’étais l’héroïne sauvant son amour et se laissant embrasser passionnément à la fin lorsque le « vous pouvez embrasser la mariée » aurait retenti…Ou pas !

 

La seule question que je me posais en me réveillant, était de savoir si j’allais être à la hauteur, si le déchiffrage des signes envoyés par « Elle » , pour mes missions futures, serait correctement effectués par mes soins.

Tout à coup, la volonté d’être prête à tout s’imposa comme une obsession et je me mis à lire tout et n’importe quoi pour faire pousser dans ma tête une espèce de bibliothèque en made in moi qui aurait bien sûr, effaré n’importe quel rat qui aurait voulu s’y glisser …

Et puis faut il rappeler que je ne suis qu’une intuitive débordante d’imagination de grande mémoire certes, mais pas une Einstein en jupon !

 

Elle continua à m’envoyer sur des petites missions, des trucs où je n’avais qu’à pointer le bout de ma frimousse et prononcer quelques fois, un machin ou deux, comme ça.

Ca me semblait simple et cool, pas de prise de tête, pas de vilaines séquelles sur mon petit corps ou dans les neurones frétillants de mon cerveau ravi.

 

Cinq ans plus tard, « Elle » me laissait tranquille suffisamment pour que je me propulse dans de grandes études en histoire et décroche un joli diplôme.

C’est à ce moment là que je pris le temps de consigner au crayon de papier dans des cahiers, toutes mes aventures .

 

Tout recommença un beau jour d’octobre où l’envie de visiter le cimetière du Père Lachaise était fortement obsédante.

 

(http://petitesfictionsdansmarealite.hautetfort.com/archive/2009/08/23/l-etrange-souffle.html)

 

Mais je m’égare…

 

 

Il m’avait donné un mouchoir et en fait, je l’avais laissé tomber.

Le ciel était toujours vêtu de son bleu insolent et je compris pourquoi je me retrouvais à nouveau ici .

Il me fallait envisager un stratagème afin que la moi quelque peu écervelée à l ‘égo surdimensionné, le ramasse et le conserve, car celui là avait une fichue importance plus loin, dans un méandre du temps.

Il fallait donc qu’il soit à moi dès maintenant, enfin à la moi d’alors, cela m’éviterait de rester coincée dans ce trou détestable et froid où j’avais tenté de le récupérer, sans succès, ne récoltant que cette vilaine grippe qui avait failli m’emporter comme beaucoup à ce moment là et me clouer à tout jamais dans ce foutu endroit.

 

En fait, « Elle » me donnait une espèce de seconde chance en me permettant de revenir ici et il ne fallait pas que je la laisse passer .

 

C’est ce que je fis sûrement et assurément car je me réveillais bien installée dans mon lit constatant que j’avais dormi cette nuit là, la lumière allumée…

Oui, Petit Crayon, tu peux être rassuré.

 

 

 

-« Que veux tu ?

- Juste toi ».

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