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  • Si il ne fallait que rêver ...

    Tu étais parti tôt ce jour là, des kilomètres à avaler pour aller chercher du matériel pour l’appareil qui allait changer notre vie dans ce bout de village isolé, un nouveau type de générateur d’énergie, le prototype sur lequel tu travaillais depuis des mois.

     

    Le matin s’était écoulé boudeur, en manque de toi.

    Je m’étais occupée en fort pour ne pas penser à cette absence et malgré tout, les heures de cette matinée là, n’avançaient pas.

     

    J’avais mis les draps à sécher dans le jardin afin qu’ils prennent cette odeur de vie en air écrasé de soleil, nous permettant sans doute des sommeils de rêves aventureux en nonchalance.

    C’était ma dernière « corvée » de ce tout début d’après midi où le soleil tapait durement en rayons brûlants et imposait une retraite soit à l’ombre bienveillante des arbres, soit à l’intérieur de la maison en occupation distraite d’un rien ou encore, comme je l’avais choisi, en paresseuse, allongée sur notre lit.

    C’est ainsi.

    J’aime à ce moment si chaud dans les journées d’été lorsque tu n’es pas là, me laisser emporter en sommeil dans une sieste bienheureuse d’une heure à peine, le temps de permettre au corps de s’apaiser de toute l’agitation du matin escorté sûrement par les degrés inlassables voulant gagner du galon.

     

    La chaleur sans doute, l’inquiétude aidant, je fis ce rêve étrange…

     

    Il parlait de nous dans une vie autre, dans un monde où tout sentait mauvais, où les gens couraient sans cesse sans, a priori, savoir pourquoi, en maugréant à tout rompre sur leur vie dégueulasse et en espérant leur trépas.

    C’était d’une tristesse à pleurer.

    Je ne sais pas pourquoi néanmoins, nous étions perdus dans cet environnement là, à la recherche de je ne sais quoi, à la manière du touriste sans guide.

    La seule préoccupation qui se retrouvait en constante, c’était qu’il ne restait pas beaucoup de temps avant ce qu’ils appelaient tous, « la coupe énergie » et qu’il fallait accomplir vite ce que nous devions faire avant que tout ne s’arrête.

     

    -« Pourquoi tout doit il s’arrêter ? «  claironnait la curieuse que je suis.

     

    Personne ne semblait vouloir perdre du temps à répondre à cette question.

    Nous avancions à contre courant, en aveugles, bousculés par une foule de gens agressifs ultra pressés.

    Ceux qui nous adressaient la parole en mots lâchés à la va vite en rajoutaient tous sur le fait que nous étions trop désinvoltes avec l’heure qui avançait.

     

    -« Mais de diables fourchus en pieds !

    N’êtes vous pas pressés de rentrer chez vous au lieu de traînasser le nez en l’air ! »

    Nous lança cette femme sans âge aux yeux hagards, à la bouche hargneuse et, à ma plus grande stupeur, tu la suivis me laissant là alors que ce type s’approchait me flanquant soudain une frousse de tous les dieux…

     

    -« Ne pas avoir peur, jolie dame, il vous faut écouter et retenir tout et vite »…

     

    C’est ainsi que je sus, que je me réveillai d’un bond, sortis de la maison en trombe, enfourchai mon vélo, en ayant pris soin de prendre ce foutu téléphone qui ne fonctionnait pas faute de réseau ici, et pédalai au plus vite que je le pus pour avaler les deux kilomètres qui me permettraient, j’espère, de changer ce qui devait l’être…

     

    Ou pas …

     

    C’est l’ennui avec les songes prenants de la sorte, soit vous faites fi de cet espèce de présage et si il survient le « truc » , vous serez mal jusqu’à la fin des temps, soit vous vous dites qu’il ne vous en coûtera qu’un effort violent en plein soleil et qu’il n’y a pas de mal à passer ce coup de téléphone avant les treize heures trente fatidiques inscrit là bas, dans le souvenir de votre rêve.

     

    J’arrivai enfin au croisement où je savais pouvoir utiliser ce portable.

    Je jetai mon vélo à bas et composai ton numéro.

    Mon cœur se souleva, s’arrêta, s’accéléra et …  Tu décrochas !

     

    -« Bonjour mon amour !

    C’est idiot, je sais, de te téléphoner ainsi mais j’avais oublié de te souhaiter un bon voyage et ce qui est encore plus absurde, c’est que je t’appelle seulement maintenant pour te le dire…

    Et puis, tu sais, tu m’avais promis une histoire… »

    - Qu’est ce qu’il y a vraiment ma jolie rousse exquise essoufflée ?

    J’allais repartir, je m’apprêtais à déverrouiller la voiture. » me coupa t il dans un éclat de rire.

     

    Et là, je te jetai toute l’histoire en pêle-mêle.

     

    Il fallait gagner du temps, trois minutes, pour éviter que ce camion ne grille ce feu rouge et t’écrase toi, la voiture, mais là je m’en fichais complètement, et le reste, tout ce qui ferait que jamais tu ne finirais ton prototype qui éviterait « la coupe énergie » journalière là bas dans un temps autre, et là aussi, je ne m’en souciais guère à cette seconde, tout ce que je savais, c’est qu’une vie sans toi ne peut être.

     

    Le camion passa sans crissement de pneus, moteur hurlant.

     

    Et donc, je continuai à te parler.

    Comme je suis bavarde et pas des moindres, nous discutâmes encore pendant une grande demie heure, le temps d’attraper un fichu coup de soleil qui me tiendrait éveillée toute la nuit sans doute cependant, elle serait dans tes bras…

     

    Je repose dans notre chambre quand ta voiture passe la grille du jardin.

    Tu en sors précipitamment.

    Je dévale, ça devient une habitude, les escaliers à ta rencontre et saute dans tes bras.

    Tu captures ma bouche et le reste n’a plus d’importance.

     

     

    18/08-2047 - 7h00 - Flash spécial présenté par G. Kiabé :

    « C’est avec beaucoup de tristesse que je vous annonce la mort de M.Di Bianca, ce génial inventeur du S2IA, ce découpleur d’énergie qui nous fait vivre encore aujourd’hui.

    Il sera exhumé en l’église de … »

     

     

    -« Que veux tu ?

     - Juste toi. »

  • Etre ou ne pas être ... "grande" ...

    J’étais là, allongée à même le sol, les bras en croix, le corps en sourires sauvagement moelleux et en frissons merveilleusement trépidants dont je ne me soupçonnais même pas capable d’éprouver à la vitesse de la lumière ralentie à la seconde.

     

    J’avais la très nette impression de n’être plus qu’un grand, un immense radieux tohu-bohu tout décousu en joliesse enivrée, pimpante et claironnante.

    C’était follement incroyable que de se laisser là, ainsi abandonnée, à ne penser à rien, à permettre à son corps de suivre l’exultation éclatante qu’il avait envie d’exprimer.

     

    L’on passe sa vie de « grand » à se réprimer, à s’interdire, à se dire et s’entendre dire que ça n’est pas bien, le fameux « fais pas çi, fais pas ça » ou pire encore, « mais alors, que va t on penser de moi ? » …

     

    Billevesées, calembredaines et fariboles de perlimpinpin pour nous garder bien sages dans un monde de brutes qui, elles, font souvent ce qu’elles souhaitent à leur petite ou grande convenance…

     

    Donc, pour une fois, cela sera mon tour à ma façon !

     

    Je voulais me laisser agir à ma guise dans ma plus totale envie, mes plus folles inspirations …

    Enfin, pas tout à fait cependant ..

    Je ne me sentais pas, en fait, totalement prête pour une déraison déraisonnable excessivement exacerbée allant à l’encontre de la précieuse quiétude sociale de Madame et Monsieur Toutvabiendanslemeilleurdesmondes…

     

    Zut alors ..

    Où est donc Peter ?

     

    Après avoir ressenti tout ce plaisir que tu venais de me donner, baignée dans toute notre vibration délicieusement vibrante, j’avais eu l’irrésistible besoin de m’allonger là tout de suite dans l’herbe tendre et chaude de la pelouse ensoleillée de notre jardin qui fleurait à la fois, l’intempestif besoin d’apaisement et le plaisir incroyable de se sentir vivante, palpitante d’encore et de pousser plus loin.

     

    L’on notera, cher lecteur, qu’en matière de délires et d’envies, il y a plus trash !

    Et oui, à chacun son petit grain de folie …

     

    Je souriais épanouie, versée dans un bonheur incommensurable en me souvenant soudain, en imbécile en douce, que tu étais parti nous chercher de cet incomparable thé vert, que tu étais celui, en fait, qui manquait le plus ici et que, ah ciel de crénom de bois, j’étais toute nue au milieu de notre pelouse, dans notre jardin, certes ma foi, dans notre quartier résidentiel de cette région parisienne !

    Ciel de crénom de bois !!!

     

    -« Alors, ma jolie rousse exquise, on se fait un caprice toute seule ? »

     

    Et il m’emporte à l’intérieur dans ses bras, rouge de honte sans doute aucun, néanmoins, heureuse comme toujours avec lui …

     

     

    -« Que veux tu ?

     - Juste toi. »