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  • Si une affabulation vous était contée ....

    La voix douce et basse emplit soudain la grande salle où se bouscule déjà une foule bruyante de personnages hétéroclites, certains semblant débarqués d’autres dimensions, d’autres mondes et à vraie dire, c’est tout à fait ça .

    C’est « Elle » qui prend les choses en main, si je puis dire, quand elle constate tout ce désordre qui lui correspond si peu, il est certain.

    Il faut dire que Petit Crayon a été alarmant.

    Il y en va, paraît il, de la vie de chacun ici et chacun, c’est chaque personnage inventé par mes soins et ils sont tous là.

    Certains pourtant, se promènent désormais avec leur vie propre ; certes, entre la première et la dernière page de l’histoire commise pour eux...

     

    -« Il est temps que chacun se pose, s’installe calmement et que nous écoutions ce que Petit Crayon doit nous dire de si important qui motive notre venue aujourd’hui ».

     

    Le silence se fait aussitôt.

     

    Il n’y a pas à tortiller, même ici dans cette assemblée, « Elle » possède cette aura particulière qui met mal à l’aise la plupart de ceux rassemblés là.

    Donc, si « Elle » demande un calme olympien et bien tout le monde ici le lui donnera.

    Petit Crayon, très intimidé, mine de rien, se hisse sur l’espèce d’estrade qui a été posée afin que tous puissent mieux voir et entendre, surtout, ce qu’il a à leurs révéler.

     

    -« Il faudra excuser mon verbiage.

    Je ne suis pas un orateur, juste un petit crayon.

    Vous me connaissez tous et vous savez que j’ai à cœur de faire ce qu’il y a faire avec le meilleur de mon graphite, les mots certes, m’aidant beaucoup.

    Cependant, vous n’êtes pas sans savoir que c’est surtout grâce à celle que j’accompagne depuis fort longtemps désormais, que vous êtes, que je suis là aujourd’hui.

    C’est pour elle que je vous ai convoqué en fait et vous comprendrez aisément maintenant le ton employé dans les missives envoyées à chacun d’entre vous.

    Il était urgent que vous sachiez le trouble dans lequel elle se trouve et celui là est si grand qu’elle a décidé de nous ranger, de nous oublier et ce pour longtemps.

    C’est ce qu’elle m’a confié il y a une dizaine de jours »…

    La voix de Petit Crayon meurt dans un sanglot de points de suspension.

     

    Brouhaha colossal dans la salle !

     

    Et que chacun y va de son petit couplet sur l’importance d’être et l’abomination de disparaître…

     

    « Elle » ne pousse qu’un petit raclement de gorge, enfin ça y ressemble en tout cas, accompagné d’un « hum » fort appuyé.

    Cela suffit pour que la quiétude revienne comme par enchantement dans les rangs se resserrant tout à coup, des protagonistes.

     

    -« Je me permets, Petit Crayon, de prendre la parole sans y être invitée parce que moi aussi, j’écris des histoires et je suis la mieux placée ici pour expliquer ce qu’il en est ». avance timidement la Nunuche aussitôt coupée par celle là, la voyageuse des temps, qui lui souligne qu’elle aussi couche ses aventures sur papier et qu’elle serait à même également de témoigner…

     

    Le bourdonnement des blablas sans queue ni tête reprend insidieusement…

     

    C’est la Machin Chose qui, en fait, intervient judicieusement en faisant remarquer à ces demoiselles qu’elles sont, tout comme elle, tout comme tous ici, les personnages inventés de toutes pièces par elle, leur imagineuse de mondes, et que si elle décidait de remiser tout cela, chacun ici ne tournerait plus qu’en doux ronrons entre le premier et le dernier mot posé de leur pop and sweet époppée…

     

    « Elle » sourit,

     

    -« Dis moi, Petit Crayon, es tu absolument sûr de tout ça ?

    N’as tu pas mal interprété une attitude ?

    Il y a forcément une explication.

    Nous la connaissons tous et nous savons tous qu’elle ne nous a jamais abandonné même dans les moments si noires de son existence. »

     

    Là dessus s’en suit une confusion générale plus que bordélique.

    Ca part dans toutes les directions.

    Chacun se souvient, veut ajouter son sel ou son poivre, voir du sucre roux en mélasse à tous ces événements évoqués qui deviennent curieusement des plus invraisemblables après avoir été autant malaxés, triturés, poussés en tous sens…

    Doudou rassure Petit Crayon qui se sent soudain bien pitoyable de n’avoir pas su gérer tout ça.

    Chacun s’affole en tout large et long.

    Même « Elle » ne parvient plus à endiguer tout ce désarroi tsunaninesque déferlant à la vitesse de la lumière…

     

    Cela fait un tel raffut que forcément, cela attire mon attention et tandis que je pointe le bout de mon nez au milieu d’eux, je me fais alors l’impression d’être une sorte de divinité aux pouvoirs extraordinaires et terribles.

    Ils sont tous si stupéfaits qu’ils en deviennent cois, tout autant que je le suis d’ailleurs de les voir tous agités en panique, ça va de soi, mais de les contempler tous ainsi.

    Fichtre qu’ils sont nombreux !!!

     

    Et soudain, le silence palpable devient pesant, tellement pesant, qu’il faut que je prenne la parole avant qu’il ne nous fige tous en photo montée.

    Je me veux rassurante, néanmoins, ça n’a pas lieu d’être.

    Tout ce brouillamini est parti d’un quiproquo avec Petit Crayon, qui tout le monde le sait, à tendance certaine à paniquer plus fort et plus vite que la raison bien gardée.

    Remarquez, à bien y réfléchir, c’est de ma faute aussi, lui annoncer tout de go que je lui ai trouvé un remplaçant pour qu’il puisse se reposer de temps à autre, n’était pas très malin de ma part alors que je le connais si bien.

    J’aurai dû garder à l’esprit qu’il ne conserverait et n’entendrait que le mot « remplaçant » et se verrait déjà remisé au grenier, oublié comme une poupée désarticulée d’avoir été trop aimée, que l’on pose là sans la jeter …

     

    Je ressens tout à coup, un immense soulagement se propageant à la vitesse de la lumière parmi tous mes petits et grands héros (j’évoque la taille là, n’est ce pas) .

    Et comme bien sûr, il n’y a rien à rajouter, chacun se presse de regagner bien vite son petit univers non sans avoir auparavant échangés bises et bisous d’à bientôt peut être…

    Il ne reste plus que « Elle » et, dans un coin cachés à sa vue, Petit Crayon et Doudou devenus, pour le coup, inséparables.

     

    -« Tu aurais dû leurs dire. Ils ont le droit de savoir après tout.

    - Je te remercie d’être restée silencieuse. Ils le découvriront assez tôt de toute manière. C’est bizarre comme même une idiote de nouvelle stupide peut circuler vite …Alors celle là !

    Allez ouste, il faut que je dorme maintenant !

    Il faut reprendre ta route et vous les chenapans, vos places au plus vite sinon, je vous colle vraiment au grenier ! »

    « Elle » part en souriant, en reprenant sa faux, bah oui, la panoplie complète fiche vraiment une de ces frousses à n’importe qui, il valait mieux prendre des précautions.

    Doudou s’installe tranquillement prés du lit, Petit Crayon rejoint ma trousse.

     

     

    Je bouge si fort qu’il m’attire à lui, en tout contre, au plus près et là forcément, plus rien n’a d’importance.

    Il n’y a que nous et notre douce vibration dans laquelle je glisse résolument, en toute volupté.

    La dernière chose que je pense alors, c’est que j’aime cet homme , fichtre de Dieu ou Diable, que je l’aime !

     

    -« Que veux tu ?

    - Juste toi. »

  • Jeanne et Pierre, Valentin et ... Les "autres" ...

    Vous savez ce qui est très facile quand on raconte des histoires, c’est que les sujets abordés ne vous touchent jamais d’assez prés pour vous faire un trou dans le cerveau en se demandant ce que le lecteur va bien penser de cet auteur, de son trottiné d’idées et de son petit train-train de ronronnement.

    Ceci serait d’une part très ennuyeux, vous en conviendrez, de laisser s’égarer en pleine ville des êtres écervelés plus que la raison ne saurait tolérer, néanmoins, d’autre part, cela permettrait l’émergence à la pelle d’écrivains nouveaux et l’extinction certes de tous les autres en parfait incognito.

    L’on inventerait ainsi une nouvelle épitaphe à ces éperdus de mots : « ci gît celui (ou celle) qui avait trop aimé écrire » et du coup, il n’y aurait plus de cimetière assez grand ; quoique, au bout du compte, ça donnerait peut être à réfléchir à plus d’un …

    Quant à l’auteur et son made in lui, il va de soi que concevoir même en effleurement, que tous les écrits de ce coin là ne sont simplement que les fruits d’une imagination fertile à souhaits, a quelques fois du mal à être avaler quand on a une imagination de palourde.

    Loin de moi, bien sûr, d’insulter ce mollusque là ; après tout, on a besoin de chacun, de chaque chose ici bas, n’est il pas ?

    Est ce que l’on a demandé à Barbara Cartland, ayant à son actif quelques 724 écrits du même acabit, si elle évoquait son expérience personnelle ?

    Bon, d’accord, c’est un très mauvais exemple…

    Mais tout de même …

     

    Sur ce, je m’en vais vous conter une petite histoire en made in moi car après tout, on est là pour ça !

    Allez zou, c’est parti …

     

     

    Pierre aimait Jeanne,

    Jeanne aimait Pierre.

    Cela alla de soi dès le premier jour où le hasard, le destin ou appelez ça comme vous le voulez, les mit en présence.

    Ils se reconnurent tout de suite et comme tous les amoureux avant eux, ils surent qu’il n’y avait pas besoin de tergiverser.

    Après tout, jouer cœur simple est souvent le plus judicieux pour se comprendre tout à fait.

    Ils vivaient donc leur joli amour éclatant aux yeux de tous en se fichant pas mal des mines renfrognées devant la spontanéité délicieuse de leurs baisers voluptueux emplis de merveilleuses vibrations.

    Tant mieux de toute façon, ce ne sont là que des sots et des fats qui souffrent du mal affreux de ne savoir aimer en juste, préférant une vie confortable en déguisement d’amour.

    Et puis, le problème avec ces oiseaux là, outre leur nombre effarant, c’est qu’ils ont toujours en bouche « le » conseil collant de mercantilisme cher à leur cœur si pauvre.

    C’est ainsi qu’à cette période de l’année se pointant la fête à ce Valentin là qui a la lourde responsabilité de porter celle des amoureux tout au long de ses vingt quatre heures, ils étendirent leurs noires ailes sur nos deux tourtereaux.

     

    Et gare, à celui ou celle qui oublie, il se peut alors que le lendemain ne soit pas un de ceux qui chantent la mélodie du bonheur…

     

    Triste et affligeant, je le concède mais je m’égare là …

     

    Jeanne et Pierre, n’ayant jamais vécu ce jour là ensemble, étaient fort décontenancés quant aux discours obscurs, pour eux, des bien-pensants à consommer mal aimés.

    Et comme, paraît il, il fallait que cela soit en surprise, ils n’osèrent pas communiquer entre eux sur ce sujet là et se creusèrent la tête à chercher ce qui pouvait bien faire le plus plaisir à l’autre.

    Ce qui mine de rien, les tinrent un peu plus éloignés l’un de l’autre : le secret avec sa cape jetant un drôle d’état d’âme sur nos deux amoureux là.

    Bien sûr, les investisseurs au cœur en berne se réjouissaient et en faisaient des gorges chaudes de tout ce jeune débilitant désarroi.

    Cependant, ce qu’ils ne pouvaient pas imaginer, car bien sûr le pouvoir de l’amour leurs étant complètement étranger, c’était que justement celui là n’était jamais à mésestimer.

     

    Le fichu jour arriva présentant une Jeanne et un Pierre fagotés comme pour un dimanche trop solennel, engoncés dans du prêt à consommer d’ersatz d’aimés.

    On leurs avait vendu l’article.

    Ils avaient tout pris de peur de ne pas coller à l’image si belle de cette douce journée et comme ils n’étaient que bonté, ils ne voulaient pas faire de peine à leurs drôles de conseilleurs…

     

    Mouais…

    C’était vilainement beau.

     

    Ils supportèrent, avec tout le sérieux de leur amour, le restaurant, les bougies électriques et les violons enregistrés.

    Cela s’imposant, parait il, pour des heures inoubliables telles que celles là, accompagnées, cela va sans dire, du blabla soit disant magnifique qui ne leurs ressemblait pas.

    C’est en pénétrant dans cette suite princière, que le vernis vola en éclat.

    Pierre avait pris Jeanne dans ses bras afin de la porter pour entrer dans ce lieu apprêté de clinquant.

    Jeanne lui glissa alors que c’était un truc que l’on faisait pour les mariages et pas vraiment pour ce jour là.

    Pierre acquiesça.

    Forcément, vu toute la documentation qu’il avait ingurgitée, il s’était quelque peu pris les pieds dans la moquette moelleuse.

    Ils se regardèrent alors longuement et se mirent à rire, mais à rire !

    Ils échangèrent leurs délicieux baisers retrouvant leur parfaite vibration.

     

    -« Nous rentrons à la maison, mon amour ? » .

     

    Le portier de l’hôtel, en les voyant, se dit que l’amour était très beau porté par ces deux là.

     

     

    -« Que veux tu ?

    - Juste toi » .