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Made in me - Page 14

  • L'encre bleue ...

    Sur un cahier d’écolier, je retrouverai …

    Je rirai de ces mots couchés …

    Ecrits de cette écriture ronde et bien disciplinée, moi, la sage qui bouillonne … Moi, l’exaltée qui te rêve ici et maintenant . Je me projette dans ce temps qui ne sera pas celui que j’espère. Le temps, on me le répète, nous change, nous déçoit et nous fait devenir mesquin . C’est drôle ça, je ne le crois pas . On est ce que l’on est et l’important est de ne pas l’oublier .

    J’ai retrouvé dans ce cahier d’écolier à l’encre bleue délavée, ces mots d’amour que je t’avais dédiés .

    Toi, l’amour, l’homme dont je rêve, espère l’existence quelque part dans ce monde. Je ne te connais pas encore et cependant, je m’enfièvre .

    Tu es grand . Tu es beau. Tes yeux gris me transpercent toujours et encore. Ton esprit est si extraordinaire que je me sens maladroite et gauche. Ton regard me couvre et me dit combien tu m’aimes, combien tu me désires, moi, la femme qui ne l’est pas encore .

    Je ne peux qu’imaginer tes mains sur moi, mon corps s’abandonnant à toi .

    Je ne sais rien des jeux de l’amour, de la guerre des corps qui laissent les âmes repues et satisfaites .

    Je sais que je serai tienne entièrement, complètement, à vider mes sens de toute raison.

    Exaltée de toi, c’est ce que je veux être.

    Exaltée de toi pour le meilleur et pour le pire.

    Je te veux, je ne veux être qu’à toi et tes caprices, tes souhaits et tes espérances, être ta coupe, toi, le vin .

    M’enivrer de toi à jamais et ne plus être jamais sage .

    Je rirai, oui, sûrement, de ces mots couchés. Je rirai en pensant à cette petite écervelée que j’étais , que je suis et que j’espère, je resterai .

    Moi, 16 ans .

  • La conne d'amour ...

    Quand j’étais petite fille et que je me laissais à rêver à l’homme qui m’emporterai, je l’imaginais grand, châtain aux yeux gris acier, pilotant des avions ou des voitures de course …

    Ceux que j’ai rencontré ne furent pas ainsi, celui que j’aimai non plus …

     «  Ma chérie » , disait-il … Tu sais, ça serait bien que tu te prennes un peu de fesses et de seins. Je ne te demande pas d’être obèse mais plus ronde . Tu vois, les hommes aiment bien sortir avec des mannequins mais une vraie femme avec des formes au lit, c’est quand même mieux !

    Oui, mon amour . Je vais m’appliquer à prendre quelques kilos ..Ah, cinq, ça n’est pas suffisant ? … D’accord … Les semaines passaient, douze kilos au compteur de la balance …

    Ma chérie … Tu sais, ça serait bien de mettre un peu de piment dans notre lit. J’aimerai qu’on essaye de nouvelles façons d’envisager notre couple.

    Oui, mon amour . Je vais m’appliquer à te satisfaire : attaches moi, dénatures moi, travestis moi … Les semaines passaient … Mes poignets me faisaient mal …

    Ma chérie … Suis à la bourre sur ce dossier, tu ne pourrais pas y jeter un œil et voir comment toi, tu le traiterais ?

    Heu .. Oui, mon amour . Mais .. Pas mon domaine, là …

    Ma chérie, tu te dévalorises ! Pour ce « truc », tu seras parfaite et puis, c’est juste pour débroussailler …

    Bon … Oui, mon amour . Je défriche mais à contre cœur …

    Ma chérie … Tu sais, ça serait bien que tu mettes des petites robes pour changer de tes « trucs » informes dont tu t’affubles ; j’ai l’impression de sortir avec un sac . Tu pourrais faire des efforts, tu ne fais plus attention à toi comme avant !

    Oui, mon amour … Je vais me débarrasser des kilos que j’ai pris pour toi.

    Et la conne d’amour s’applique, se modèle, cède à tous ses caprices à lui d’homme sans jamais rechigner …

    Lorsqu’un jour …

    Ma chérie ? Tu sais … Au bureau … J’ai une nouvelle petite stagiaire, vingt cinq ans … Toute « mimi », toute jolie … C’est un bel âge, ça !  Les femmes sont vraiment très belles ! Ca serait bien …

    Je me fige et me redresse, moi, la femme de trente deux ans . Et bien, non !

    Je n’inventerai pas de machine à remonter le temps simplement pour satisfaire ton envie à la con . Je passerai encore moins par les mains d’un chirurgien esthétique. Je me sens bien ainsi. Si tu n’es pas content de ce que je suis, et bien, que devrais je dire ? Tu as quarante ans cette année, des poches sous les yeux, le souffle fétide de tes clopes immondes, le ventre en hégémonie, l’esprit en pisés et le plus grave, tu deviens con, irrémédiablement con .

    Je te dis non, définitivement non tant que toi, tu ne feras pas d’effort !

    Bien sûr, il n’a pas fait d’effort.

    Bien sûr, il a préféré la fuite et de me laisser les enfants car à cet âge, ils ont besoin de stabilité :« avec le métier que je fais » et : « ma chérie, tu sais bien que tu es douée aussi pour ça ! » .