J’ai mal.
De celui qui vous cloue au tapis en papillon naturalisé épinglé sur planchette, bien exposé, joliment encadré.
De celui qui vous fait rester en profil bas, en mur pokement vide, garni en filets gracieux de lignes sirupeuses, histoire de mettre un semblant de bling-bling incongru de désuétude.
Je ne suis qu’un feutré hurlement qui se trimballe brinquebalant sur ma page de vie devenue si brillamment terne, si immensément vide, si impénétrablement sourde, si grandement étroite, bringuebalant en hipe velocity la morne morgue de la fille perdue soudainement devenue.
C’est moche…
Je me sens moche.
C’est nul…
Je me sens nulle.
A quoi sert de se traîner, clic en bandoulière, dans tous ces groupes où tu n’es pas là?
Tu étais ma raison de surfer en bourlingeuse avisée taguant en précellente excellence à qui mieux du mieux pensé au plus juste, certes.
Tu étais mon tout à intégrer en bloc sur mon front et mon back, un no limit absolu surabondamment fabuleux.
Tu étais mon ami, mon amour inavoué, mon amant rêvé.
Tu étais…
- « Ah, mon Dieu…
- Ah, c’est terrible!!!
- « Putain » , c’est dégueu !!!
- Trop de la mort!
- Vite, mon portable!
- Ils ne peuvent pas faire ça ailleurs...
- Mais, où est la tête ?
- Fait « chier » , « ya » pas de réseaux!
- Je vais te la twitter en live!
- Je crois que je vais vomir…
- … ! :-( »
« DING - DING - DING
Suite à un accident grave de voyageurs en gare de saint Sulpice le trafic est momentanément interrompu. »
Et pendant ce temps là, dans la tête d’une brune montée fraichement à Paris …
« Non, mais franchement, ils le font exprès!
C’est quoi ce délire ?
Il y en a marre de ces messages idiots (*)!
Quelle bande d’incapables (*) !
Je vais être en retard à mon premier rendez vous, il va croire que je le fais délibérément (*) !
Où est ce fichu phone?
Allo? … Oui, c’est moi… Désolée… Pas de métro… Un accident de… Quel bande de … Quoi ? …. Tu travailles à la ? … Je t’entends mal … Je ne t’entends plus…
« L‘enfoiré » , il a raccroché!
Ca m’apprendra à accepter un rendez vous sur ce site à la c. … ».
Et la brune s’en fut fichtrement dépitée en arguant fort qu’on ne l’y reprendrait plus à jouer à la souris en clics débridés.
On entendit, dans le lointain, le clac clac agacé de ses escarpins qui la portaient déjà tout là bas…
Morale ?
Tu cliques, tu cliques, tu claques quand même.
(*) Il aurait été lassant, à la lecture, le tout entre guillemets ; cependant, vous pouvez si ça vous chante, traduire ici en langage, au combien délicieusement urbain qui va bien, de la banlieusarde égarée en sol parisien.
- « Que veux tu ?
- Uniquement toi. »