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  • Si mulet n'était pas le dindon de la farce...

    Je suis étendue là, attendant que la mort vienne me chercher.

    Il paraît que c’est ainsi lorsque l’on a pris une balle en plein cœur.

    Curieusement, je n’ai pas l’impression de mourir, juste celle de m’échapper d’ici et de m’enfuir là bas …

     

    Moi qui avais mis ma plus jolie robe, ça m’apprendra, elle va être fichue maintenant, c’est certain.

     

    Mais quelle idée j’ai eu de me jeter devant cette fille pour traverser plus vite parce que je voulais encore plus vite le retrouver, lui, celui que j’aime tellement que mon cœur pourrait éclater.

    Bah là, en tout cas, cette option là, je sais ce que ça fait car j’ai cet organe là, tout éparpillé…

     

    Ma pauvre robe …

     

    Et alors que je m’imagine m’essayer à la réparer, je me retrouve en deux gouttes sur une espèce de plage à sable orange et chaud, à siroter un Cuba libre, bien installée sous un parasol perroquet dans le plus petit maillot qu’il me soit donné de porter.

    Fichtre, on ne doit pas pouvoir nager avec ça !

     

    Tandis que je joue la touriste fraîchement débarquée sous soleil exotique à l’ombre de ce foutu drôle de parasol, une femme très belle, habillée à la Higgins, s’invite en tirant de je ne sais où, un fauteuil des plus sympas, similaire à celui sur lequel je suis déjà bien alanguie.

     

    Cette "majordame" , en fait, est bien bavarde. Elle se met à me parler de ma vie, des trucs que j’ai fait, ceux que j’ai ratés, ceux que j’aurai pu vivre si je m’étais donnée la peine de me bouger plus efficacement, au lieu de foncer stupidement dans la facilité.

     

    Donc là, ou j’ai loupé un détail important ou j’ai  bu trop de rhum car je m’interroge simplement sur ce discours bien solennel à mon encontre.

     

    Est ce que c’est ma version « saint pierre » de mon espèce de paradis clef en main et elle est en train de valider mon ticket en entrée simple et petit appareil ?

     

    Ah zut alors !

     

    Ca voudrait dire que je suis bien morte et que je ne m’en suis pas rendue compte !

     

    Où était la souffrance ?

    Où était le défilement en avance rapide de ma folle vie ?

    Y aurait il eu exagération dans toutes les histoires, sur le propos, racontées ?

     

    Ce qui est bizarre, c’est que je n’ai pas peur.

    Je suis légèrement pompette et par conséquent, quelque peu guillerette, mais de peur, aucune, pas la plus petite ombre.

     

    Tout à coup, son image surgit, envahit tout mon être et là, épouvantablement, une peur affreuse et sournoise me surprend, me saisit les deux poumons les écrasant à m’empêcher de respirer.

    Ce qui est en fait, très bête si on y réfléchit car là, où je me trouve, cette alternative n’est pas nécessaire…

    En tout cas, je la sens s’immiscer partout, à me donner un vertige insensé, perchée sur un grain de sable.

     

    Mon amour.

    Je vais perdre mon amour !

    Je ne vais plus le sentir, plus le respirer, plus le toucher, plus vibrer, plus me sentir pleine de lui, plus me sentir vivante parce que c’est lui !

     

    Je vais hurler.

    Je vais me disloquer, écartelée par cette souffrance insoutenable...

     

    Et, je me souviens.

     

    La sonnerie du téléphone tout d’abord.

    J’ai pensé que ce fichu truc sonnait toujours quand on le désirait le moins, même si au bout du compte, pour ma part, je ne l’entends jamais ou presque.

    Néanmoins, là au fond de mon sac, il me balançait son swing et désormais, je sais que tu étais l’appelant.

    Pourtant, dans ma course vers toi, je n’ai juste entendu qu’un brouhaha, occupée à scruter tout là bas, au feu, le petit bonhomme vert me permettant de poursuivre vers tes bras.

    J’évite presque cette fille toute désorientée, à la recherche de son chemin, la percuter me fait perdre du temps en excuses souriantes.

    Tandis que mon cerveau enregistre au même moment, le bonhomme vert tout affiché, le type sortant en courant de la banque avec un flingue dans la main, je continue en tournant la tête.

    Le coup de feu claque.

    La Mercedes qui doit s’arrêter, conserve sa vitesse.

    Je me décale pour l’éviter et la balle m’attrape et me cloue sur le bitume si froid.

     

    - « Seigneur Marie Joseph ! »

     

    Allez savoir pourquoi, ce sont toujours les mots qui me viennent en grand désarroi.

     

    - « N’est ce pas ?!

    - Alors, je suis morte et vous êtes une sainte pierrette en made in moi ?

    - C’est un peu ça.

    Cependant, je voudrais que tu te concentres, que tu repasses la scène encore une fois et que tu t’attaches à chaque détail.

    Sois plus attentive, s’il te plait, et tu comprendras. »

     

    Elle m’emmouscaille avec ces histoires d’attention.

    Je suis morte de peur à l’idée de ne plus le voir (héhé) .

    La panique me submerge au grand galop, je n’ai pas du tout envie d’être ici et encore moins de repenser à ce cauchemar …

    Je veux être avec lui.

    Je ne veux que lui.

    C’est ma raison de vivre et je n’ai pas de raison d’être morte !

    Bien sûr que non, puisque …

     

    Ah oui … Mince …. J’AI OUBLIE OU JE ME TROUVE !!!

     

     

    NUUUUUUUUUTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT…

    Essai 3242 – 16 - 21h28 - Fin de la simulation.

     

     

    - « Au nom du Ciel !

    Pourquoi ça a encore foiré ?

    Pourquoi ne peux tu pas la jouer simple sur ce coup là ?

    Il faut juste que tu visualises et restitues le numéro de la voiture, c’est un exercice élémentaire tout de même !

    - Oui, c’est facile, je te l’accorde. Pourtant, je voudrai bien t’y voir !

    Il faut que j’analyse cette scène dans la peau d’une amoureuse et je ne l’ai jamais été comme cette fille humaine là.

    J’ai besoin d’ajuster certains paramètres.

    Ca nécessite un protocole différent !

    - Tu es une version X32, je te le rappelle, l’élite pour ce type de mission et nous devons t’envoyer bientôt sur cette planète curieuse pour comprendre, entre autre, le pourquoi de cette « saint valentin » .

    Il va vraiment falloir que tu modélises plus vite.

    - Je n’ai pas été formée pour ça !

    - C’est bien dommage…

    Bon, on y retourne et n’oublies pas, c’est le numéro de la voiture que je veux dans cet exercice.

    - Hum, petite question .

    Pourquoi as tu besoin de ces satanés chiffres alors que ma mission porte sur l’amour et l’étude des mœurs terriennes en la matière ?

    - (TRES TRES TRES GROS SOUPIR)

    C’est toujours pareille avec les civils …

    (re TRES TRES TRES GROS SOUPIR)

    C’est un entraînement !

    - Ah … (fort dubitatif) ! … Quant au sujet de ma mission…

    - On se tait, on y va ! »

     

     

    NUUUTTTT.

    Essai 3243 - 16 - 22h28 – Début de la simulation.

     

    Je t’aime…

     

     

    NUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU

    UUUTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT …......

     

     

     -"RAZ LE C.. ! DE CES P. DE CIVILS!!!"

    ...

     

     

      

    -« Que veux tu ?

    - Juste toi. »

     

    http://www.youtube.com/watch?v=7xqZq8PJPUg